Les champignons lignivores : alliés ou menaces pour votre arbre ?

Dans les villes comme dans les forêts, un monde souvent invisible orchestre la vie, la mort et la renaissance des arbres…
En milieu urbain, les champignons lignivores, ces êtres capables de dégrader le bois et de recycler la matière ligneuse, inquiètent souvent par leur capacité de colonisation d’un arbre.
Qu’est-ce qu’un champignon lignivore ?

Les champignons lignivores sont des champignons spécialisés dans la décomposition du bois. Ils possèdent l’instrument idéal : un réseau de filaments — le mycélium — Ce dernier produit des enzymes capables de dégrader les composants structurels du bois, notamment :
- la cellulose, qui forme la structure principale des parois végétales,
- l’hémicellulose, un assemblage de sucres plus facilement dégradable,
- la lignine, un polymère très complexe qui rend le bois dur, rigide et résistant.
C’est notamment la capacité à dégrader la lignine qui distingue certains champignons lignivores des autres décomposeurs.
Les champignons lignivores jouent un rôle écologique majeur et participent à l’équilibre de l’écosystème.

Sans les champignons lignivores, les espaces boisés deviendraient rapidement une accumulation de débris ligneux !
Les champignons lignivores assurent trois fonctions vitales :
Ils recyclent la matière organique.
En décomposant le bois mort, ils libèrent dans le sol des nutriments essentiels (azote, phosphore, carbone) nourrissant plantes, insectes, micro-organismes. Sans eux, ces éléments resteraient piégés dans la biomasse morte. Les champignons lignivores participent à l’équilibre du milieu.
Ils créent des dendro-microhabitats
Le bois en décomposition accueille une foule d’organismes : insectes, mousses, bactéries, petits vertébrés, etc. Les lignivores forment ainsi la première étape de toute une chaîne écologique !
Ils régulent la dynamique végétale
En accélérant la disparition des arbres morts, ils permettent à la lumière de revenir et aux jeunes plants de s’installer, au cycle de se poursuivre.
Tous les champignons lignivores ne détruisent pas un arbre !
Les arbres et les champignons forment, en réalité, une alliance complexe.
Dans son livre Fungi and Trees, Lynne Boddy, scientifique spécialisée en Écologie microbienne et Mycologie, met en avant l’idée que les champignons et les arbres vivent des relations d’une grande sophistication, par de multiples interactions évolutives. Certains champignons aident les arbres à se nourrir et renforcent leur santé, tandis que d’autres deviennent des parasites dangereux. Un même champignon peut vivre en ‘harmonie’ puis devenir parasite de l’arbre suivant une logique d’équilibre de l’écosystème.
Ensemble, ils forment un réseau dynamique où échanges nutritifs, attaques et défenses s’enchaînent en permanence.

Les champignons jouent parfois un rôle positif pour l’arbre !
Ils sollicitent, de fait, les défenses naturelles de l’arbre, qui peut élaborer une stratégie de consolidation de son bois !
Il résulte des recherches scientifiques que les arbres ne sont pas des organismes passifs !
Les arbres réagissent au vent, à la gravité, à la pression exercée par d’autres organismes, et adaptent leur forme et leur solidité en conséquence. Ils perçoivent les forces et déformations de leurs tissus, et utilisent ces informations pour orienter leur croissance ou préparer leurs défenses face aux envahisseurs.

En décomposant les parties blessées de l’arbre, les champignons lignivores l’incitent à mettre en place des stratégies de protection très élaborées.
Par des procédés anatomiques ou chimiques, l’arbre renforce ses tissus et se consolide en créant du bois plus solide encore.
Diagnostic phytosanitaire et biomécanique : un outil essentiel !

L’analyse visuelle d’un arbre, associée à une solide connaissance de sa biologie et de ses réactions défensives face à la colonisation d’un champignon lignivore, permet d’évaluer les risques.
L’objectif de l’étude phytosanitaire est de repérer toute présence, discrète ou plus visible, de champignons lignivores. Certains sont éphémères et n’apparaissent qu’en automne, d’autres sont pérennes.

Le diagnostic biomécanique permet alors d’évaluer l’état des organes fragilisés et d’estimer le risque potentiel de rupture, afin d’assurer la sécurité des usagers à proximité.
L’objectif est d’aider les propriétaires d’arbre dans le choix de la meilleure action à entreprendre : maintenir l’arbre, améliorer les conditions culturales, tailler de façon adaptée, sécuriser les lieux, etc. ou abattre en dernier recours.
















